Aaaah glagla [PV Hannah]

Ikshan ouvrit les yeux, mais les referma aussitôt, ébloui par la lumière qui filtrait à travers les rideaux de son lit à baldaquins. S'habituant peu à peu à la lumière du jour, l'indien se leva, passa une main dans ses cheveux pour les ''coiffer'', s'habilla rapidement et dévala les escaliers du dortoir sans même se chausser. La salle commune était rangée, comme tous les matins, alors que la veille, elle était restée comme chaque soir, un gros foutoir. Les Elfes avaient une fois de plus fait du bon boulot pendant la nuit. L'adolescent traversa la pièce sans s'arrêter, se précipita dans les escaliers de la tour d'un pas souple et incroyablement silencieux. Le château était désert. Ika passa en trombe devant la salle commune ou seuls deux ou trois élèves matinaux prenaient leur petit déjeuner et fila en direction du hall.

Ikshan passa les grandes portes en bois de chêne, frontières entre l'intérieur du château et le monde extérieur. Le garçon dévala les marches de l'escalier en pierres grisâtres tandis que les battants se refermaient derrière lui dans un claquement. Enjambant la dernière marche il se retrouva alors dans une pelouse encore humide de rosée. Il était en effet tôt le matin. Une heure à laquelle les hiboux et les chouettes rentrent de la chasse. Au moment où la lune rivalise avec les premiers rayons de soleil et où Vénus scintille encore très légèrement. Quelques nuages se baladaient dans le ciel déjà clair. Ika se mit à marcher dans l'herbe tandis qu'un vent frais s'engouffraient dans ses cheveux foncés. Le jeune indien aimait cette fraîcheur qui animait l'air. Ces bourrasques parfois brutales contre lesquelles luttaient quelques minuscules oiseaux. Ikshan s'avança en direction d'un arbre du parc, ses pieds nus laissant une lègère trace de son passage dans la végétation.

Arrivé là où l'herbe disparaît laissant place aux feuilles mortes, aux épines et à la terre, il s'adossa au tronc grisâtre du bouleau. Ce dernier paraissait robuste malgré que la totalité de son feuillage ait déserté ses branches. La seule chose témoignant de la vie de l'arbre était la sève qui s'écoulait lentement d'une fine fissure au milieu du tronc. Ikshan s'accroupit avant de s'asseoir dans la terre sèche au milieu des racines. C'était une habitude chez lui de venir à cet endroit le samedi matin. L'indien sortit alors un petit livre de sa poche et l'ouvrit à la moitié. C'était l'oeuvre d'une romancière française bourrée de talent, Leila Bonnbouphe. Une petite fiction sur un jeune cracmole. Ayant l'étrange habitude de s'arrêter au beau milieu d'une phrase, Ika mit un certain temps avant de retrouver le passage où il s'était interrompu la dernière fois...
Assit en tailleurs l'adolescent débuta enfin sa lecture. Sa main gauche maintenait le roman ouvert sur ses cuisses tandis que le majeur de sa main droite tripotait un trou dans son dhoti. Ayant eu la flemme de sortir sa baguette magique afin de raccommoder le tissu, la déchirure s'agrandissait à vu d'oeil.

Plusieurs heures passèrent durant lesquelles le temps se rafraîchit malgré que le soleil montait lentement dans un ciel d'un bleu étrangement clair. La légère brume encore présente aux alentours du château au petit matin disparue peu à peu et les nuages s'éloignèrent. Seul la bise était toujours belle et bien présente, impossible de l'ignorer vu l'air parfois glacial qui pesait sur les lieux. Passionné par sa lecture, Ikshan en avait oublié le temps qui passait certes lentement mais sûrement. Du pavé qu'il lui restait à lire à sept heures, il n'en restait que quelques pages. Dévoré ! Dernier chapitre...
Ika a toujours pensé qu'une fin pouvait pourrir la totalité d'un roman. Une mauvaise fin et c'est la fin ! D'ailleurs, la réaction du garçon face au petit chef d'oeuvre ne tarda pas. Avec un excès de mauvaise humeur, il ferma le livre d'un coup sec.

- Par les glandes de Merlin, qu'est-ce qu'elle nous a fichu comme happy end celle-là ! C'est quoi cette manie là, hein ? Pffff.

Et voilà... Encore un bouquin qui n'aura jamais droit à une relecture. Comme beaucoup, il sera abandonné au fond de la valise de l'indien pour ne peut être jamais revoir la lumière du jour. Malgré son indignation, Ika déposa soigneusement le roman à sa gauche et jeta un coup d'oeil à sa montre. Onze heures trente et une ! Le garçon écarquilla les yeux de surprise. Encore une matinée passée seul dans son coin... Et lui qui avait promis de faire des efforst pour ''s'intégrer'', bien partit n'est-ce pas ?

L'adolescent se leva avec une certaine difficulté, engourdit par le froid et le temps qu'il avait passé immobile. Ses genoux craquèrent lorsque ses articulations se remirent au travail. Son dhoti était dans un sale état... Le tissu blanc était brunâtre... Quelle idée de s'asseoir dans la terre ! Ika retira rapidement le gros de la poussière, s'étira et fixa les portes du château. Le parc était calme, un peu trop même. La bise se leva à nouveau et les poils se dressèrent sur les bras de l'indien qui frémit légèrement. Fichu froid. Son ventre émit alors un léger gargouillis. Pas de surprise... Un souper maigre la veille et pas de petit déjeuner, il était normal que ce cher estomac commence à rouspéter. Le garçon se baissa pour s'emparer du roman, le fourra dans sa poche et partit en direction du château avec un petit soupir. Une cinquantaine de mètres seulement le séparait des larges portes de bois. Pourtant, pour la première fois de sa vie, l'indien regretta de ne pas s'être chaussé. Mais d'où venait donc ce froid glacial ? Il jeta un coup d'oeil à ses orteils et vit qu'il avait prit une inquiétante couleur rougeâtre. Normal que le parc soit vide... Il avait été le seul à être assez idiot pour sortir par un temps pareil. Ikshan accèlera alors l'allure. On a pas idée de construire un château dans un tel pays... Alors qu'il y a tant d'endroit chaud sur cette satanée planète. Pas une seule fois, l'adolescent ne songea à utiliser la magie...

» Hannah Eywood
» Hannah McGraby <3 | 1oo%|