Les bonbons du bonheur

Par ce samedi enneigé de Décembre, Violette se promenait tranquillement dans Pré-au-Lard. Le ciel était tout gris, il faisait très froid, et une fine neige tombait. La petite Gryffondor avait enfilé un bonnet tout mignon qui se terminait en pointe, comme un bonnet de petit lutin. Les gants, rouges et tricotés main en laine, étaient assortis. Elle les avait reçu en début de mois car ses parents s’inquiétaient de sa santé, vu le temps glacial de cette saison hivernal. Mais la fillette était plutôt résistante, et c’était très rare qu’elle soit malade.

Elle se baladait donc, et quelques élèves de Poudlard, seuls ou en bande, se promenaient et profitaient de leur temps libre pour effectuer quelques achats ou tout simplement sortir un peu. Le chapeau de Violette lui attirait quelques remarques sarcastiques et des rires moqueurs mais elle s’en fichait bien. Ce qui comptait pour elle c’était d’avoir chaud, et en plus elle l’adorait son petit bonnet qui lui rappelait ses parents. Ressemblait à un petit lutin taquin ne la dérangeait pas le moins du monde…

D’ailleurs la petite lutine en question s’arrêta net devant une boutique qui l’intéressait particulièrement. Chez Honeyduckes. Le Paradis de la sucrerie sorcière… Violette sentit l’eau lui monter à la bouche en observant la vitrine pleine à craquer de tonnes de bonbons et autres gâteries multicolores. Elle tâta sa maigre bourse. Aaah… Le choix serait terrible. Chaque sucrerie semblait la narguer : dragées surprise de Bertie Crochue, Chocogrenouilles, Fizwizbiz, plumes en sucres, fondants au chocolat en forme de gros vifs d’or… Un vrai supplice !

La fillette entra dans le magasin, faisait tinter les petites cloches au dessus de la porte. La décoration était chatoyante, multicolore. Quelques élèves étaient présent, le bruit des conversations à vois basse bourdonnait doucement dans le magasin. La pièce était petite mais les sucreries étaient en surabondance, partout. Une guirlande de guimauves extra-élastiques pendait au plafond, répandant une délicieuse odeur dans la salle confinée. Violette se demandait combien de temps elle allait mettre pour choisir. Il y avait tellement de choses, qui semblaient plus délicieuses les unes que les autres ! Elle se dirigea d’abord vers des sucettes qui semblaient tout à fait normales, à première vue, mais en y regardant de plus près, elle lu que c’était en fait des sucettes qui prenait le goût désiré dans la bouche. Tentant…

La fillette gourmande se détourna des sucettes pour s’intéresser à des chewing-gums dont le slogan sur la boîte ventait les bulles extralarges et la couleur changeante en bouche. Mouais… Elle n’avait pas vraiment envie de se retrouver avec un chewing-gum bleu collé au visage ! Cette pensée la fit rire. Elle alla regarder d’autres friandises. Il y avait des nains de jardin en pâte d’amande qui parlaient jusqu’à ce qu’on les mange (une amie de Violette en avait mangé un jour et juré qu’ils avaient protesté dans son ventre pendant une journée entière !), des bonbons durs qui fondaient à une vitesse incroyablement lente dans la bouche pour garder la saveur le plus longtemps possible, ou encore des sachets de fruits confits, des boîtes de chocolats à la bièraubeurre…

Violette se rendit compte alors qu’elle était seule désormais dans le magasin. Ils étaient tous déjà partis ! La fillette jeta un coup d’œil vers le comptoir. La vendeuse la regardait d’un air amusée, attendrie par cette drôle de petite fille qui ne parvenait pas à se décider. C’était une femme d’une quarantaine d’années environ, assez rondelette et aux joues toutes roses, à l’air sympathique et bon enfant.

« Qu’est-ce qui te ferait plaisir, ma petite ? » Fit-elle d’une voix toute douce et attentionnée.

La fillette ne savait que répondre. Elle regarda autour d’elle, en quête d’un improbable soutien, mais la commerçante la sortie de cette impasse.

« Te fatigue pas va, je sais ce qui pourrait te faire plaisir. Ce n’est pas très cher et c’est délicieux… Ma meilleure vente ! »

Elle lui tendit un sachet d’une vingtaine de petits bonbons tout ronds de toutes les couleurs. Sur l’étiquette était inscrit « délices du bonheur ». La fillette, interloquée, releva la tête vers la femme qui lui adressa un clin d’œil.

« Fais-moi confiance. Ça te fera juste un gallion. »

Juste un gallion… Juste un gallion… Pour vingt petits bonbons, c’était un peu cher tout de même ! Mais Violette, avisant le sourire bienveillant et malicieux de la bonne femme, se dit que c’était sûrement une bonne affaire. Que cachaient ces bonbons du bonheur ?... La fillette paya et s’en alla, le petit sachet à la main. Prudemment, elle en mit un rose dans sa bouche… Elle attendit un court instant… MIAAAAAAM ! Une explosion de saveurs se répandit dans sa bouche, sur sa langue et son palet. Elle n’aurait su dire ce qu’elle sentait, c’était tellement délicieux, tellement éloigné de tout ce qu’elle avait goûté jusque là ! Le bonbon était un curieux mélange de toutes les textures imaginables, de tous les goûts, chaud et froid, doux et fondant aussi bien que croquant. Elle n’aurait su dire comment cela était possible, mais ce curieux mélange, bien loin d’être écœurant, était la chose la plus délicieuse au monde.

Violette n’était pas au bout de ses surprises ! Elle déglutit, et sentit un liquide savoureux et bienfaisant couler dans sa gorge, se répandre dans son corps… Elle sentit alors dans tous les muscles de ses membres, dans son cerveau, dans ses poumons, partout, une sensation revigorante et un étrange sentiment d’euphorie. Le bonbon du bonheur ! Quel nom parfait ! La fillette rit dans la rue, gambadant comme une petit lutin des bois, sautillant d’un pied à l’autre…